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CUISINE, n.f. et CUIRE v.
Remarque préliminaire
 
Le verbe cuire est rarement transitif : A1 humain cuit A2 ne se dit que lorsque A2 est constitué de terre (poterie, céramique, porcelaine, briques, tuiles etc.) Le potier cuit ses pots dans un four électrique.
 
Mais lorsque A2 est un aliment, on dit A1 fait cuire A2 : Sylvie fait cuire des haricots verts. Elle les met à cuire sur sa cuisinière, dans de l’eau bouillante.
 
La construction la plus fréquente du verbe cuire est intransitive : Les haricots cuisent dans l’eau bouillante, sur la cuisinière.Les pots cuisent dans le four du potier.
 
Dans les deux cas, A2 se transforme sans se détruire, sous l’effet d’une chaleur contrôlée, dans un but industriel ou alimentaire, par A1 humain, qui n’apparaît pas dans la construction intransitive.
I. Sylvie fait la cuisine; elle est dans sa cuisine.
1   A1 humain ¶ fait la cuisine:
  Il est en train de CUISINER: il prépare A2, des ALIMENTS, pour en faire les PLATS, syn. vieux, les METS, destinés à être MANGÉS ¶ à TABLE.
  Il ACCOMMODE les DENRÉES qu'il achète au MARCHÉ ou dans les magasins spécialisés, à moins que, vivant à la campagne, il n'utilise les produits de son JARDIN POTAGER, de son ÉLEVAGE, de sa CHASSE ou de sa PÊCHE.
  Il applique les ¶ RECETTES de cuisine qu'il connait ou qu'il trouve dans un ¶ livre de cuisine. Sylvie est ¶ bonne CUISINIÈRE, syn. elle ¶ fait bien la cuisine ; ¶ ça sent bon, quand on entre chez elle, et on y ¶ mange bien, syn. vieux: on y ¶ fait bonne CHÈRE.
  Syn. vulg. A1 prépare son MANGER (inf. employé comme nom); syn. péj. il fait sa TAMBOUILLE, sa POPOTE. Il y a sur la table pas mal de MANGEAILLE: une quantité d'aliments plutôt médiocres.
  Un CUISINIER (f. une cuisinière) est un professionnel, RESTAURATEUR, patron ou employé, faisant une cuisine à consommer sur place dans son RESTAURANT, ou TRAITEUR, faisant de la cuisine à emporter à la maison. Les ¶ grands CHEFS de cuisine sont savants dans ¶ l'art CULINAIRE. La ¶ terrine du chef qui figure à la carte du restaurant est préparée sur place par le chef lui-même et non achetée à l'extérieur. Le chef, vêtu de blanc, cache ses cheveux sous une haute TOQUE blanche. Les MARMITONS (vieux, ironique) sont de jeunes apprentis cuisiniers.
2   La CUISINE est aussi la PIÈCE où l'on fait la cuisine:
  Elle doit être facile à maintenir PROPRE avec des murs en peinture laquée et un sol carrelé, et bien ÉQUIPÉE: une CUISINIÈRE à GAZ ou ÉLECTRIQUE, munie d'un FOUR ou simplement des ¶ PLAQUES chauffantes, syn. ¶ plaques de CUISSON et un four indépendant, pour cuire les aliments. Un RÉFRIGÉRATEUR, syn. un FRIGIDAIRE, et un CONGÉLATEUR pour la CONSERVATION des aliments (voir les articles GARDER et CHAUD et FROID), dans des BARQUETTES ou des SACS de plastique; un ÉVIER pour avoir toujours de l'EAU à sa disposition et un LAVE-VAISSELLE; une ¶ TABLE de cuisine large et munie de tiroirs ou un ¶ plan de travail, et quelques ¶ chaises / tabourets de cuisine.
3   Une ¶ batterie de cuisine est un ensemble de toutes sortes d'USTENSILES:
  Des RÉCIPIENTS métalliques, en ALUMINIUM, fonte ou cuivre, quelques CASSEROLES rondes munies d'une QUEUE, de tailles différentes. Un ou deux FAIT-TOUT (inv.) munis de deux OREILLES. Une grande MARMITE, plus haute que large, munie de deux oreilles, tout cela, souvent, en ALUMINIUM. Une COCOTTE, sorte de lourd fait-tout en FONTE, deux ou trois POÊLES larges et plates, munies d'une longue queue, de tailles différentes, un GRIL, quelques PLATS pouvant supporter la chaleur du four, une LOUCHE: grosse cuillère ronde à long manche pour manipuler le liquide, une ÉCUMOIRE à trous pour ÉCUMER certaines préparations à l'eau sur lesquelles se forme une écume, une PASSOIRE à trous, pour séparer le liquide du solide, quelques ¶ COUTEAUX de cuisine, quelques petits appareils électroménagers: un ROBOT, pour HACHER et COUPER de différentes manières, un MIXEUR pour faire des mélanges, un MOULIN à café, un ¶ presse-agrumes électriques, etc.
II. Les ingrédients d'une recette de cuisine
1   Une recette de cuisine comporte souvent le mélange de plusieurs INGRÉDIENTS, A2, qui entrent dans sa COMPOSITION.
2   A2 peut être d'origine ANIMALE:
  De la VIANDE ou du POISSON (voir l'article CHAIR).
  Des OEUFS de POULE (on trouve exceptionnellement des oeufs d'oie, de cane et de caille).
  Du LAIT et des LAITAGES, diverses sortes de FROMAGES.
  Des ¶ CORPS GRAS:
  Le SAINDOUX, la GRAISSE d'oie, qu'on obtient en faisant fondre les parties les plus grasses de la chair du PORC et de l'OIE.
  La CRÈME, plus ou moins ÉPAISSE, qui remonte sur le lait, ou qu'on en extrait avec une ÉCRÉMEUSE, de sorte qu'il en résulte du ¶ lait ÉCRÉMÉ ou ¶ demi-écrémé selon l'importance de l'ÉCRÉMAGE. Elle est liquide ou plus ou moins épaisse, mais jamais solide, sauf si on la congèle avec un parfum pour en faire une GLACE, syn. de la ¶ crème glacée.
  Le BEURRE qu'on fabrique en BATTANT la crème dans une BARATTE et en le séparant du ¶ petit-lait transparent. Il se solidifie, se ramollit ou fond, selon la température ambiante; quand il est assez mou, il est facile de l'étaler pour BEURRER des TARTINES ou des MOULES à gâteaux. Sylvie donne à ses enfants des ¶ tartines de beurre pour le gouter.
3   A2 est le plus souvent d'origine VÉGÉTALE, notamment les LÉGUMES (voir les articles PLANTE et FRUIT) qui se mangent salés.
  On appelle ¶ légumes VERTS, même s'ils sont d'une autre couleur, des RACINES, comme la CAROTTE, le NAVET; des GOUSSES pas encore mures: les ¶ haricots verts; des TIGES ou des FEUILLES, comme le POIREAU, le CHOU, les ÉPINARDS; des ¶ CHAMPIGNONS de Paris ou des ¶ champignons des bois comme la GIROLLE, le CÈPE. Ils sont peu CALORIQUES.
  Les FÉCULENTS, riches en FÉCULE ou AMIDON (sortes de sucres) le sont beaucoup plus: les LÉGUMINEUSES: HARICOTS, POIS, LENTILLES, GRAINES, contenues dans des COSSES, qui doivent être ÉCOSSÉS pour être consommés; les pois cassés, les haricots (blancs ou rouges ou FLAGEOLETS verts) et les lentilles sont utilisés comme ¶ légumes secs de longue conservation. Toutefois, les ¶ petits pois se mangent FRAIS, et les ¶ haricots blancs peuvent se manger frais. Les POMMES DE TERRE sont des TUBERCULES d'où on extrait la ¶ fécule de pomme de terre; syn. fam. les PATATES, sauf dans le cas où ce mot désigne un légume exotique différent, la ¶ patate douce.
  Des FRUITS (voir l'article FRUIT) dont certains, pas trop sucrés, comme les TOMATES, sont utilisés comme légumes.
4   Les CÉRÉALES (voir l'article HERBE):
  Elles sont utilisées sous diverses formes. Le RIZ, le MAÏS, se mangent cuits, ¶ en grains qui ont été préalablement DÉCORTIQUÉS: séparés de leur enveloppe.
  Mais la plupart des céréales, notamment le BLÉ se mangent MOULUES ou ÉCRASÉES, sous forme de SEMOULE, de FLOCONS, et surtout de FARINE dont on fait le PAIN, toutes sortes de PÂTISSERIES et de sauces, ainsi que les PÂTES (à l'origine importées d'Italie) fraiches ou sèches: NOUILLES, MACARONIS, SPAGHETTIS, etc.
5   Les HUILES
  sont des corps gras extraits par pression de l'OLIVE, de l'ARACHIDE, appelée CACAHUÈTE quand on en mange l'amande, de la NOIX, de la graine de TOURNESOL, etc.
6   Les ASSAISONNEMENTS:
  Diverses SUBSTANCES servent à ASSAISONNER les aliments, à en RELEVER le gout ou à y combiner le gout particulier des assaisonnements:
  Le SEL, ¶ chlorure de SODIUM, d'origine minérale, sans quoi les aliments seraient FADES, toujours présent sur la TABLE dans une SALIÈRE en compagnie du POIVRE, la plus courante des ÉPICES, d'autres étant plus rarement utilisées: la MUSCADE, la CANNELLE, le ¶ clou de GIROFLE, le ¶ PIMENT ou poivre de Cayenne, etc. Les cuisines exotiques sont souvent plus ÉPICÉES que la cuisine française.
  Le SUCRE, de CANNE ou de BETTERAVE, roux ou blanc, ¶ en poudre ou ¶ en morceaux, est réservé au DESSERT et à certaines boissons, ainsi que le MIEL, substance sucrée produite par les abeilles. Le sucre chauffé un certain temps, à diverses températures, produit du CARAMEL, blond ou brun qui parfume agréablement certaines pâtisseries et sert de base à des confiseries appelées caramels.
  La ¶ cuisine française exclut généralement le mélange du SUCRÉ et du SALÉ.
7   Les CONDIMENTS:
  Certains végétaux au gout très particulier sont utilisés en petites quantités comme condiments: l'AIL, l'OiGNON, l'ÉCHALOTE et les ¶ fines HERBES: le PERSIL, le CERFEUIL, la CIBOULETTE, l'ESTRAGON.
  Le ¶ bouquet garni présent dans toutes les préparations bouillies et mijotées se compose de THYM, de persil et de feuilles de LAURIER attachés ensemble.
  Le VINAIGRE et le CITRON, servent à donner un gout ACIDE ainsi que diverses conserves au vinaigre, comme les CORNICHONS et les CÂPRES.
  La MOUTARDE, plus ou moins FORTE ou DOUCE. est une pâte jaunâtre faite de graines de moutarde très PIQUANTES, écrasées dans du vinaigre.
8   La diététique:
  ¶ L'hygiène alimentaire exige qu'on respecte certains principes de DIÉTÉTIQUE, et un équilibre entre les différents composants de A2, analysés par les BIOLOGISTES: PROTÉINES de la viande, du poisson et de certains végétaux; GLUCIDES: SUCRES contenus dans tous les végétaux en plus ou moins grande proportion selon leur valeur calorique; LIPIDES: des graisses, du beurre, et de l'huile; VITAMINES de toutes sortes et SELS MINÉRAUX appelés OLIGO-ÉLÉMENTS quand ils sont en très petite quantité et néanmoins indispensables.
  Certaines personnes tiennent à ¶ manger bio (fam.): à ne consommer que des produits de l' agriculture biologique, n'utilisant aucun engrais chimique.
  D'autres ¶ suivent un RÉGIME pour des raisons médicales: elles privilégient ou éliminent certaines substances de leur alimentation.
III. Le cru et le cuit.
1   Différents types de préparation des aliments A2
  préservent plus ou moins le GOUT, syn. la SAVEUR, de leurs différents SUCS et donnent des préparations plus ou moins SUCCULENTES, syn. SAVOUREUSES: délicieuses au gout.
  A2 peut être CRU, sans avoir été CHAUFFÉ, et servi FROID.
  Les fruits se mangent le plus souvent crus; de plus, on sert en ENTRÉE des CRUDITÉS: RADIS, tranches de TOMATES et de CONCOMBRES, CAROTTES RÂPÉES, CHOU finement HACHÉ, etc. et généralement en fin de repas de la ¶ SALADE verte, par ex. de la LAITUE.
  A1 humain HACHE A2, aliment: il le coupe en tout petits morceaux, en fait un HACHIS avec un instrument tranchant, notamment un HACHOIR. A1 RÂPE A2: il en FROTTE la surface sur une RÂPE, plaque de métal à entailles, pour obtenir des lamelles fines et étroites.
  Certains ¶ fruits de mer (HUITRES, PALOURDES) se mangent crus, avec du citron, du vinaigre, du beurre.
  On mange de la viande crue SÉCHÉE ou FUMÉE et coupée en très fines tranches, ou HACHÉE, par exemple du boeuf préparé à la TARTARE avec un assaisonnement fort: MOUTARDE, jaune d'oeuf, CORNICHONS, CAPRES au vinaigre.
2   A2, le plus souvent, est CUIT:
  Il est soumis à une forte CHALEUR pour devenir plus TENDRE et de meilleur GOUT. La chaleur peut être plus ou moins intense selon que l'on cuit ¶ à FEU VIF ou ¶ à feu DOUX, syn. ¶ à petit feu. La CUISSON peut être LENTE (certaines viandes dures) ou RAPIDE (le poisson). Un aliment porté brusquement à très haute température est SAISI.
  En ce qui concerne la viande rouge, notamment le boeuf, certaines personnes la préfèrent BLEU: à peine cuit, SAIGNANT: un peu plus cuit, ¶ à POINT, ¶ bien cuit.
  Les légumes verts sont souvent préférés ¶ al dente (loc. italienne): pas trop cuits, encore un peu durs. Un aliment cuit est généralement servi CHAUD mais peut aussi être servi FROID, par ex. les compotes. Il existe différents types de cuissons, notamment avec ou sans corps gras.
3   CUISSON au FOUR:
  A2 est cuit sans contact avec la FLAMME, dans une espace hermétiquement clos, où se diffuse une chaleur ambiante sèche: c'est la cuisson de certaines viandes et poissons, du pain et de la pâtisserie, de certains légumes (pommes de terre au four), des ¶ oeufs cocotte placés avec un peu de crème et divers ingrédients dans de petits récipients individuels appelés RAMEQUINS. La cuisson au four produit à la surface de certains plats une belle CROUTE dorée appelée GRATIN. On fait GRATINER au four un hachis Parmentier (une couche de purée de pommes de terre sur une couche de boeuf haché assaisonné).
  Au GRIL, en contact avec la flamme ou à proximité immédiate, on peut faire GRILLER du PAIN, diverses sortes d'AMANDES, mais surtout faire des GRILLADES de viande rouge.
  Pour faire un RÔTI, on peut faire RÔTIR une pièce de viande soit au FOUR, dans un plat, soit EMBROCHÉ sur une BROCHE tournante qui peut être placée à l'intérieur du four ou en contact direct avec une flamme. En cours de cuisson il est recommandé d'ARROSER le rôti avec un peu d'eau de temps en temps.
4   CUISSON à l'EAU:
  On plonge les aliments dans l'eau soit froide, et portée progressivement à ÉBULLITION (si l'on veut obtenir un BOUILLON savoureux) soit BOUILLANTE (si l'on veut conserver leur saveur aux aliments solides). C'est ainsi que se préparent toujours les légumes secs, souvent les légumes verts et les ¶ pommes de terre à l'anglaise servis sortant de l'eau, avec un morceau de beurre frais et du persil. Les ¶ SOUPES aux légumes et certaines COMPOTES de fruits sont cuites à l'eau. Il est possible, après avoir ÉGOUTTÉ dans une passoire des légumes cuits à l'eau, de les écraser, syn. de les PASSER (à l'origine à travers les trous de la passoire) pour en faire une PURÉE. Certaines soupes comportent à la fois des légumes et de la viande bouillie. C'est le cas de la ¶ soupe aux choux, ou POTÉE, faite avec de la viande de porc salée, du ¶ pot-au-feu fait avec du boeuf, de la ¶ poule au pot, faite avec une volaille. Ces soupes-là produisent à la fois un POTAGE consommé au début du DINER, et un ¶ plat de résistance composé de viande accompagnée de légumes.
  C'est aussi la cuisson des ¶ OEUFS à la COQUE (3 minutes d'ébullition) et des ¶ oeufs durs (11 minutes). On fait POCHER des QUENELLES ou des morceaux de poisson: on les plonge dans l'eau bouillante pour une cuisson rapide.
  CUISSON à la VAPEUR, dans un récipient à trous posé sur une casserole d'eau bouillante pour mieux préserver la consistance de l'aliment et les sels minéraux qu'il contient. La semoule du COUSCOUS est cuite à la vapeur.
5   CUISSON dans un corps gras:
  A1 peut faire FRIRE A2 à l'HUILE, en le saisissant dans le liquide très chaud, dans une FRITEUSE, ou, en cas de petites quantités, dans une ¶ poêle à frire. Cela convient très bien aux pommes de terre avec lesquelles on fait des FRITES bien DORÉES. On fait des BEIGNETS en plongeant dans la FRITURE des morceaux de pâte consistante, ou bien des morceaux de poisson ou de fruits (surtout des tranches de pommes) qui, trop humides pour être frits directement, doivent être enrobés dans une ¶ pâte à frire épaisse, faite d'oeuf, de farine et d'un peu de lait. On appelle aussi FRITURE de tout petits poissons qu'on ne peut pas préparer autrement qu'en les roulant dans la farine et en les plongeant quelques instants dans l'huile chaude.
  On peut faire SAUTER des petits morceaux de légumes, faire notamment des ¶ pommes de terre sautées en les cuisant rapidement dans une SAUTEUSE légèrement GRAISSÉE à l'huile ou au beurre et en veillant à ce qu'elles n'ATTACHENT pas au fond.
  On peut aussi cuire dans une poêle graissée des tranches de viande assez minces: BIFTECKS de boeuf, ESCALOPES de veau, CÔTELETTES de porc, de veau ou de mouton, puis DÉGLACER le fond de la poêle avec un liquide pour recueillir les sucs de la viande et faire une petite sauce. On peut PANER les escalopes avant de les faire cuire à la poêle: les tremper dans de l'oeuf battu et de la CHAPELURE (¶ croute de pain réduite en poudre) qui forme une belle CROUTE dorée en fin de cuisson.
  C'est aussi la cuisson des ¶ oeufs sur le plat, des OMELETTES et des CRÊPES
6   CUISSON avec un corps gras et du liquide:
  A1 fait REVENIR au fond d'une cocotte, dans de l'huile ou du beurre chaud, des oignons hachés et de la viande: il les chauffe jusqu'à ce qu'ils prennent une couleur dorée. Il peut, pour leur donner plus de gout, les FLAMBER avec une eau-de-vie. On ajoute ensuite du liquide pour les faire cuire longtemps à petit feu, syn. on les laisse MIJOTER. C'est ainsi qu'on fait les viandes BRAISÉES. Le liquide peut être de l'eau, plus ou moins aromatisée ou du bouillon. On y ajoute généralement des légumes, des champignons, des lardons; c'est ainsi qu'on obtient des RAGOUTS et des DAUBES: ¶ pommes de terre au lard, ¶ NAVARIN d'agneau cuit avec des navets, ¶ boeuf mode cuit avec des carottes.
  L'eau peut être remplacée, au moins en partie, par du VIN, rouge pour faire du ¶ boeuf BOURGUIGNON ou du ¶ CIVET de lapin, du vin blanc pour le poisson, ou pour faire du ¶ lapin / poulet chasseur.
N.B. Un SAUTÉ de veau ou d'agneau se fait à la cocotte, non à la poêle, de la manière ci-dessus, mais cuit moins longtemps que les autres viandes braisées.
7   Autres procédés:
  La FERMENTATION, sous l'action de FERMENTS qui sont des ¶ micro-organismes: la CHOUCROUTE est faite de chou finement coupé et fermenté. Le lait CAILLE, syn. se COAGULE: il devient une masse relativement solide, sous l'action de ¶ ferments lactiques. C'est la base de tous les FROMAGES dont certains sont à ¶ pâte fermentée: le BRIE, le CAMEMBERT, d'autres à ¶ pâte cuite: le GRUYÈRE, le PARMESAN,ou à ¶ pâte pressée: le CANTAL,le ROQUEFORT, etc. Le YAOURT est du lait fermenté avec d'autres ferments que le caillé.
  Les CONFITS et CONFITURES: On CONFIT (du verbe CONFIRE) A2 en l'enrobant d'une substance qui le protège des bactéries de l'air qui pourraient le faire pourrir. Certaines volailles sont confites dans la graisse: le ¶ confit d'oie / de canard entrent dans la composition du CASSOULET. - Les fruits sont confits dans le sucre pour en faire des confitures, pâteuses, souvent mangées en ¶ tartines de confitures, ou des ¶ fruits confits qui conservent leur forme et une consistance ferme.
  Le CONFISEUR est un professionnel qui fabrique des BONBONS et autres CONFISERIES à base de sucre, des ¶ CROTTES de CHOCOLAT, des DRAGÉES, amandes enrobées de sucre qu'on offre pour les baptêmes, les communions, les mariages. Il les vend dans son magasin appelé aussi CONFISERIE.
8   Les SAUCES, liquides ou semi-liquides, qui agrémentent les aliments:
  Sauces froides à base de corps gras: la VINAIGRETTE à l'huile et au VINAIGRE ou au CITRON et la MAYONNAISE (émulsion de jaune d'oeuf, d'huile, et de moutarde). Elles assaisonnent les crudités et les aliments cuits servis froids.
  Sauces chaudes à base de corps gras: la sauce HOLLANDAISE, la BÉARNAISE, le ¶ beurre blanc, faites avec une ¶ réduction d'échalotes cuites au vinaigre ou au vin blanc jusqu'à évaporation, et du beurre ramolli et battu, parfois un peu de crème.
  Sauces chaudes à base de farine et de liquide: on fait un ¶ ROUX BRUN ou un ¶ roux blond, en faisant revenir de la farine avec des ognons hachés jusqu'à ce qu'elle prenne une couleur plus ou moins accentuée et en ajoutant du liquide.
  On fait une sauce avec le liquide de cuisson ou JUS d'une viande braisée: on le rend plus ONCTUEUX en le LIANT avec un peu de farine, parfois de la crème, un jaune d'oeuf, ou de la moutarde.
  Une ¶ sauce blanche n'est faite que de beurre, de farine et d'eau; elle devient BÉCHAMEL si on remplace l'eau par du lait, et prend les noms les plus variés (Soubise, Aurore, etc.) selon les ingrédients qu'on y INCORPORE.
IV. La cuisine électorale.
Les métaphores culinaires. À l'exception de quelques unes du § 1, elles sont familières ou vulgaires.
1   Les légumes:
  Le mot CAROTTE désigne des objets cylindriques ou coniques: un échantillon cylindrique retiré du sol; l'enseigne des bureaux de tabac: deux cônes rouges accolés, représentation schématique d'une carotte de tabac, nom d'un rouleau de feuilles. Sa couleur rouge est celle des cheveux des ROUQUINS d'où le surnom de Poil de carotte.
  Le mot CHOU désigne des objets arrondis: un chou de rubans - des choux à la crème - le ventre dans la loc. vulg. ¶ rentrer dans le chou à quelqu'un: l'attaquer par devant. On disait autrefois aux enfants posant des questions indiscrètes que les petits garçons naissent dans les choux et les petites filles dans les ROSES: A1 n'est pas encore ¶ sorti du chou: pas encore né. - A1 a ¶ des oreilles en feuille de chou: larges et plates.
2   La cuisine:
  Une (drôle de) CUISINE: une intrigue louche. La ¶ cuisine électorale: la mise en oeuvre de recettes pour obtenir une majorité (types de scrutins, découpage des circonscriptions, etc.).
  A2 est ¶ mis à toutes les SAUCES: employé de toutes sortes de façons différentes.
  A1 espérait une satisfaction, mais (fam.) ¶ c'est CUIT , syn. ¶ Les CAROTTES sont cuites! (fam.): il n'y a plus rien à faire, l'affaire est terminée. ¶ C'est la fin des HARICOTS: c'est le pire qui pouvait arriver!
  A3 humain CUISINE A2 humain: il le soumet à un interrogatoire habile et insistant pour le faire parler. A3 ¶ tient A2 sur le GRIL: lui fait attendre une chose qu'il désire beaucoup. A2 ¶ GRILLE / bout d'impatience. Quand A3 lui annonce une nouvelle stupéfiante, il est SAISI!
  A2 ¶ passe à la CASSEROLE: un A3 hostile lui fait subir un très mauvais traitement. Le pauvre A2 est CUIT, syn. intensif FRIT: il n'a plus rien à attendre. Il est GRILLÉ: tout le monde est au courant des méfaits qu'il voulait cacher.
  A1 ¶ traine une casserole: il est coupable de malhonnêtetés bien connues qui nuisent à sa carrière (de même que jadis des gamins attachaient une casserole à la queue d'un chien et s'amusaient à le voir la trainer à grand bruit sur les pavés).
  A1 humain ¶ parle CRUMENT: sans ménagements. Il ¶ fait VINAIGRE, pour ne pas être en retard: va très vite. ¶ La MOUTARDE lui monte au nez: il sent qu'il va se mettre en colère. La conversation entre A1 et A2 ¶ tourne au vinaigre, syn. ¶ devient AIGRE: A1 et A2 se disputent.
  A1 ¶ MIJOTE sa vengeance: il la prépare longuement et sans se faire remarquer. Marc DÉCORTIQUE les comptes de Luc: il les examine dans le plus grand détail.
3   ¶ Ce film est un NAVET: complètement inintéressant. Il est ¶ bête comme CHOU. Un médiocre petit journal local est une ¶ feuille de chou. ¶ Quelle SALADE!: quel mélange désordonné de choses hétéroclites! A1 ¶ raconte des salades: des mensonges.
  A1 abstrait, une parole, un discours est CRU, SALÉ, ÉPICÉ, GRAS: à la limite de la grossièreté.
  pr. C'est la SAUCE qui fait le poisson: une agréable présentation fait accepter une chose sans grand intérêt.
4   Emplois dépréciatifs ou valorisants:
  A1 humain est un CORNICHON: il est bête, naïf; une NOUILLE: il est bête et sans énergie.
  Sa mémoire est une PASSOIRE: il ne RETIENT pas grand chose.
  C'est un LÉGUME: il est inintelligent et inactif, sans réactions (parfois sous l'effet d'une maladie chronique). Il ¶ a du sang de navet: il est toujours fatigué. «Eh! PATATE!» crie A2 à A1 en signe de mépris.
  A1 ¶ fait chou blanc: il échoue dans ce qu'il entreprend. Il ¶ va planter ses choux: il se retire à la campagne et ne se mêlera plus de la vie publique.
  «Mon petit CHOU!» (parfois, fém. «ma CHOUTE»): appellation de tendresse. A2 CHOUCHOUTE A1: le comble de petites gentillesses, au risque de susciter des jalousies. A1 est le CHOUCHOU de A2
  Le GRATIN de la société: les gens riches et célèbres.
  A1 est la CRÈME d'A2, un ensemble: la meilleure partie de cet ensemble. La crème des étudiants: les meilleurs d'entre eux. - Jean, c'est la crème des hommes, syn. ¶ une crème d'homme: il a toutes les qualités. - Mais Éric, ce n'est pas la crème! - Les premières clientes ont ÉCRÉMÉ les soldes: il ne reste plus grand chose d'intéressant.
5   A1 ¶ tient la queue de la POÊLE: il dispose du budget.
  Luc a gagné le gros lot; ¶ ça met du BEURRE dans ses ÉPINARDS: lui donne de l'aisance, lui permet quelques dépenses. pr. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre: tous les avantages à la fois.
  A1 ¶ manie la carotte et le bâton: comme les âniers de jadis pour faire avancer leurs bêtes, pour obtenir quelque chose de ses subordonnés, il alterne les promesses et les menaces. A1 ¶ tire des carottes (vieux), syn. il CAROTTE: il s'octroie malhonnêtement de petits avantages.
  A1 ¶ crache dans la SOUPE: il dit du mal de ceux qui le payent.

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